En 2011, Père Innocent vivait en Côte D'Ivoire. La crise post-électorale se dégradait de jour en jour à Abobo, l'un des quartiers les plus peuplés d'Abidjan, capitale de la Côte D'Ivoire. Alors, Abobo fût déclaré zone de guerre. Les tirs à l'arme lourde ou légère commencèrent à retentir dans la zone. Les affrontements se déroulaient aux alentours de sa maison.
On commença par instaurer le couvre-feu de 19h à 6h. Il venait de commencer le second semestre au Centre de formation missionnaire. À plusieurs reprises, il ne pouvait pas étudier. Les étudiants des autres congrégations et résidants dans d'autres quartiers ne pouvaient se frayer un chemin tellement la violence était grande.Le climat général ne se prêtait pas aux études. La ronde des hélicoptères et les coups de feu avaient créé une panique profonde chez les étudiants et les professeurs. La peur se lisait sur les visages.
¨ La journée du 24 février a été particulièrement celle des affrontements les plus sérieux. Le soir de ce jour, au grand désarroi de tous, un obus a fini sa course sur une de nos chambres. Dieu veillant sur nous, l'intéressé était absent de son logis. Alors, Abobo devint le centre de la crise. Jours et nuits, on entendait les tirs et les mitraillettes. Dans la communauté, les gens s'étaient cachés sous les escaliers du bâtiment communautaire. Moi, je n'ai même pas pu y parvenir. Je suis resté dans ma chambre. Quand les tirs sont devenus moins forts, je suis sorti de ma chambre pour vérifier la survie de mes confrères. Tout le monde était là. Il restait à savoir comment allait l'équipe du secteur de l'obus. On ne pouvait pas aller vérifier car les tirs continuaient ¨.
¨Le jour suivant, la situation semblait plus calme. Il fallait sortir d'Abobo. Les gens quittaient en grand nombre. Une grande partie de la communauté quitta la résidence pour Angré. Je suis resté pour voir l'évolution de la situation. La nuit avait été calme. Mais un jour nouveau de combat commença vers 14 heures. J'avais l'impression que la guerre se passait dans notre cour tellement les tirs se faisaient proches. J'étais caché sous les escaliers. Le lendemain, il fallait partir. La route principale était le lieu de combat. Il fallait passer par les quartiers. Sur la route les jeunes, armes traditionnelles à la main, avaient installé des barrages. Ils affichaient une certaine gentillesse envers nous. Parvenu à l'un des barrages,
un jeune avec une machette à la main, me disa: ¨Père, vous n'avez qu'à prier pour notre pays et pour nous. À l'étape où nous nous trouvons maintenant c'est Dieu seul qui peut nous sauver.¨
¨Nous avons filé notre chemin jusqu'à Angré. Là-bas, la ville baignait dans un climat de parfaite sérénité. Les boutiques étaient ouvertes et le trafic était dense comme à tous les jours.¨
Quand tu te fais raconter ce genre d'histoires, cela te permet d'apprécier ta vie de québécoise dans un pays calme..
Père Innocent Plus tard, je vais placer des photos de la Côte d'Ivoire |