samedi 21 février 2015

Une vraie histoire de guerre

Voici un fait vécu raconté par Père Innocent...

En 2011, Père Innocent vivait en Côte D'Ivoire. La crise post-électorale se dégradait de jour en jour à Abobo, l'un des quartiers les plus peuplés d'Abidjan, capitale de la Côte D'Ivoire. Alors, Abobo fût déclaré zone de guerre. Les tirs à l'arme lourde ou légère commencèrent à retentir dans la zone. Les affrontements se déroulaient aux alentours de sa maison.

On commença par instaurer le couvre-feu de 19h à 6h. Il venait de commencer le second semestre au Centre de formation missionnaire. À plusieurs reprises, il ne pouvait pas étudier. Les étudiants des autres congrégations et résidants dans d'autres quartiers ne pouvaient se frayer un chemin tellement la violence était grande.Le climat général ne se prêtait pas aux études. La ronde des hélicoptères  et les coups de feu avaient créé une panique profonde chez les étudiants et les professeurs. La peur se lisait sur les visages.

¨ La journée du 24 février a été particulièrement  celle des affrontements les plus sérieux. Le soir de ce jour, au grand désarroi de tous, un obus a fini sa course sur une de nos chambres. Dieu veillant sur nous, l'intéressé était absent de son logis. Alors, Abobo devint le centre de la crise. Jours et nuits, on entendait les tirs et les mitraillettes. Dans la communauté, les gens s'étaient cachés sous les escaliers du bâtiment communautaire. Moi, je n'ai même pas pu y parvenir. Je suis resté dans ma chambre. Quand les tirs sont devenus moins forts, je suis sorti de ma chambre pour vérifier la survie de mes confrères. Tout le monde était là. Il restait à savoir comment allait l'équipe du secteur de l'obus. On ne pouvait pas aller vérifier car les tirs continuaient  ¨.

¨Le jour suivant, la situation semblait plus calme. Il fallait sortir d'Abobo. Les gens quittaient en grand nombre. Une grande partie de la communauté quitta la résidence pour Angré. Je suis resté pour voir l'évolution de la situation. La nuit avait été calme. Mais un jour nouveau de combat commença vers 14 heures. J'avais l'impression que la guerre se passait dans notre cour tellement les tirs se faisaient proches. J'étais caché sous les escaliers. Le lendemain, il fallait partir. La route principale était le lieu de combat. Il fallait passer par les quartiers. Sur la route les jeunes, armes traditionnelles à la main, avaient installé des barrages. Ils affichaient une certaine gentillesse envers nous.  Parvenu à l'un des barrages,
un jeune avec une machette à la main, me disa:  ¨Père, vous n'avez qu'à prier pour notre pays et pour nous. À l'étape où nous nous trouvons maintenant c'est Dieu seul qui peut nous sauver.¨


¨Nous avons filé notre chemin jusqu'à Angré. Là-bas, la ville baignait dans un climat de parfaite sérénité. Les boutiques étaient ouvertes et le trafic était dense comme à tous les jours.¨


Quand tu te fais raconter ce genre d'histoires, cela te permet d'apprécier ta vie de québécoise dans un pays calme..

Père Innocent


Plus tard, je vais placer des photos de la Côte d'Ivoire

mardi 17 février 2015

Bon appétit

L'alimentation de la communauté...

On achète très souvent des sacs de 25kg de riz. Ici, on utilise le lait en poudre. C'est plus facile à garder car on manque trop souvent d'électricité. Quand on veut manger du poulet, on choisit à travers les poulets vivants les plus  gros. Puis après, il y a une personne qui s'occupe de les tuer et de les faire cuire. Nous avons souvent des patates douces, des choux, des tomates, des concombres. Comme fruits, nous pouvons acheter des pommes, des bananes, des oranges, des melons, des ananas. À l'occasion, les jeunes religieuses font frire des bananes plantains. On mange surtout du mouton. Mais le repas préféré des africaines, c'est le tô (teaux). C'est le mélange de farine de mil avec de l'eau, accompagné d'une sauce aux feuilles de gombo ou d'arachides.



L'alimentation du Niger...

Dans certaines régions du Niger, il y a plusieurs éleveurs de vaches. Alors, le mets principal est le fula ( lait naturel mélangé avec de la farine de mil). C'est un menu très économique. ( 6kg de mil pour 1.20$ et un litre de lait pour .20 sous). Un kilo de mouton coûte 8.00$ et un kilo de poisson vaut 4.00$. Le prix est assez élevé  pour un pays pauvre. Alors, le peuple consomme plus du riz et des farines que de viande. On mange aussi l'igname, légume dans la famille des patates douces. Ici, on produit beaucoup d'oignons et de fèves qui sont mélangés au riz.

Sur le bord des rues, plusieurs femmes font frire des beignets ou des galettes à base de mil pour se faire un petit revenu.

Bon appétit

farine qui sèche dehors

sac de riz

lait en poudre

banane plantain et banane normale

lundi 9 février 2015

LES VACHES DANS LA RUE

Le pays maasaï est  un peuple d'éleveurs qui vivent au Kenya et en Tanzanie. On les voit passer à travers la ville avec leurs troupeaux de vaches. Voici leur histoire...

Leur terre se situe entre les monts Kenya et le Kilimandjaro. Leurs emplacements ont été transformées avec le temps,  en réserves et parcs nationaux. Ils ont acquis le droit de faire pâturer leur bétail dans plusieurs parcs. Ils ignorent les frontières quand c'est le temps de déplacer le bétail à cause des saisons. Il est difficile de savoir la population de ce peuple car il circule librement entre les frontières.


Ils se construisent des petites maisons  avec des branches recouvertes de bouse de vache et de boue. Le tout sèche rapidement . Quand ils doivent quitter un campement, ils brûlent leurs maisons.Les maasaïs ne chassent pas dans les parcs car leur alimentation est faite à base de lait. Ils mangent aussi beaucoup de plantes. Ils ne mangent pas de poisson. Leur langue est le swahili.

La photo représente un troupeau qui circule dans la ville à travers la circulation. Les vaches s'en vont au pâturage...Ici, tout est possible sur la rue. ( vaches, chameaux, autos, motos, bicyclette, ânes, chèvres, poules, piétons qui poussent des brouettes pleines de fruits, autobus, camions de livraison, taxis)Il faut le voir pour le croire...


dimanche 8 février 2015

GRÂCE À EUX, JE DORS BIEN...

Je vous présente Seydou et Mamane. Ce sont de jeunes policiers du GCNS qui gardent notre maison jour et nuit. Voici leur cheminement:



Après avoir fini l'équivalent d'un secondaire V et être âgé entre 18 et 25 ans, ils ont fait leur demande d'admission pour faire la formation de policier. Ils ont dû passer un test physique, un test écrit et au autre oral sur les connaissances générales. S'ils avaient échoué, ils auraient eu la possibilité de se reprendre. Il y a seulement un centre de formation pour tout le Niger. C'est ici à Niamey. Leur formation dure 9 mois. Après, ils ont suivi un stage de 9 mois. Une fois le tout complétée, ils ont eu une affectation. Présentement, ils travaillent à Niamey et vivent à la caserne.


Ils ont vraiment choisi ce métier avec coeur. Ils sont heureux de protéger leur pays. Seydou est un enseignant. Mais après réflexion, il a choisi d'être policier pour son pays. Mamane est né de parents enseignants. On l'avait orienté vers un métier qui touchait l'agriculture. Il a décidé d'être policier.


J'ai parlé avec eux, de traditions. Seydou porte les cicatrices de son ethnie. Mais on sent dans son dialogue qu'il est devenu un homme de la modernité. Ces enfants n'auront pas de cicatrices.


Présentement, ils sont presque toujours avec nous. Ils ont un petit coin avec un lit pour se reposer. Nous leur fournissons des repas. Ils font la lessive ici. Ils sont installés pour plusieurs semaines. J'avais vraiment le goût des connaître..

Mamane et Seydou



C'est leurs motos. Ici, il y a beaucoup plus de motos que d'autos.


GRÂCE À EUX, JE DORS BIEN.....

mardi 3 février 2015

ÉCOUTER MICHEL-SAMUEL, QUEL PLAISIR...

Du haut de ses 6 pieds, Michel se raconte avec beaucoup de mots. Il veut que je comprenne bien.

Michel est né à Djayeli, au Niger. Il a 18 ans. Ils sont 8 dans la famille. Sa mère vient d'accoucher d'un petit dernier qui s'appelle Toussaint. Michel vit au pensionnat du foyer Samuel et fait des études au lycée classique en vue d'obtenir un baccalauréat. Depuis qu'il est  très jeune, il veut devenir un prêtre. Dans ses loisirs, il suit deux cours de piano par semaine avec moi. C'est sa deuxième année.

Maintenant, voici l'histoire de son père et de sa détermination... Quand il a été en âge de décider de son avenir, son père voulait être cathéchiste. Son grand-père ne voulait pas. C'était un gourdmantché et son fils devait suivre la tradition. Il devait rester à la maison pour travailler la terre et prendre soin de la famille. Alors, son père a décidé de quitter sa famille et de faire une formation en catéchèse. Puis, à un certain moment de sa vie, son père a été engagé pour aider un agriculteur. Comme il travaillait bien, le propriétaire  lui a dit que s'il voulait marier sa fille, c'était possible. Il a accepté. Alors, ils se sont mariés à l'église. Le travail de son père est toujours religieux. Il aide les prêtres en s'occupant de certaines communautés dans la paroisse. Il dirige des célébrations de la parole dans les communautés les plus éloignées qui sont sans prêtre fixe. Il donne des formations en lien avec son travail. Michel a toujours vécu dans une famille très religieuse.


Quand il était jeune, il aimait beaucoup aller à la bergerie. Ses yeux brillent quand il en parle. Il aimait aussi faire des jeux pendant la nuit avec ses amis. Quand il a eu 12 ans, il a dû quitter sa bergerie car il était assez grand pour travailler  la terre et apprendre à s'occuper d'une maison. Pour faire ses études secondaires, son père l'a envoyé chez un oncle en ville. L'école du village étant médiocre, il lui a choisi une bonne école. Présentement, il lui reste une année pleine à faire pour compléter sa scolarisation. Quand Michel retourne au village pendant les vacances, il a un coin de terre à lui. Il cultive du sésame  et du mil. Quand arrive la récolte, ses parents s'occupent de faire le travail car Michel est aux études pendant  cette période. L'argent qu'on ramasse avec sa récolte, sert à payer ses études.


La jeunesse de Michel est teintée de traditions. Par contre, on sent par les mots qu'il y porte aujourd'hui, un oeil critique.


Les traditions...

La pluie...
Son grand-père a le pouvoir de faire venir la pluie. Quand la sécheresse est trop grande, les hommes vont voir son grand-père pour avoir la pluie. Ce dernier fait un feu et mixe des herbes  qui font venir la pluie. Il parle au ciel et la pluie vient. Michel l'a vu de ses yeux quand il était jeune.

Les marques de l'ethnie...
Michel a des cicatrices sur le visage. Il a demandé d'en avoir comme les autres. Aujourd'hui, il regrette un peu ce geste. Ces soeurs n'auront jamais de cicatrice ni le petit dernier. Sa famille est ouverte vers la modernité. Lui-même considère que celles-ci sont d'aucune utilité dans la vie. Par contre, pour les traditionnels, cela permet d'identifier facilement les ethnies.

Les tapeurs de sable...
Ce sont des hommes qui font des dessins dans le sable. Ils écrivent des mots dans le sable. Après, ils font l'interprétation de ces signes. On lit dans le sable, l'avenir.

L'initiation des garçons...
Entre 11 et 18 ans, il y a une grande fête pour eux pendant laquelle on fait la circoncision. Il y a une préparation. La maman et d'autres femmes de la famille lavent le jeune. On lui rase les cheveux. On lui met de la pommade. Ce geste signifie qu'il va sortir de l'enfance pour rentrer dans le clan des grands. Puis le chef de l'initiation appelé Nani vient chercher le jeune pour l'amener dans sa maison. Le nombre d'initiés est très variable. Nani fait un sacrifice pour demander la paix et le bonheur pour les jeunes. C'est le forgeron qui fait les circoncisions. Après, on a toujours des médicaments qui proviennent du médecin pour soigner en cas de problème. Ils sont un mois  tous ensemble. À l'occasion, ils sortent pour aller en ville. Ils reçoivent des enseignements sur le rôle de l'homme, le rôle de l'époux. Ils apprennent à chanter et à danser. Après ce mois, il y a une grande fête qui dure trois jours. On leur fait en rasant les cheveux, une croix qui indique qu'ils sont devenus des hommes maintenant. Tous portent les habits traditionnels. On joue du tam-tam très fort pour que les jeune initiés  dansent. Ils reçoivent plein de cadeaux qu'ils peuvent garder. Michel a reçu une chèvre , deux moustiquaires et une somme d'argent. Un ami a déjà reçu un taureau et beaucoup d'argent.

L'initiation des filles...
On continue à faire l'excision même si c'est défendu. Pour les chrétiens, c'est une situation difficile. Ils ne sont pas en accord avec cette coutume. Certaines traditions peuvent être mises de côté sans problème. Par contre, celle-ci, peut placer la  famille en retrait du clan.



Le coeur de Michel est rempli de souvenirs qu'il a accepté de partager avec Tantie Lucie ( ici, tout le monde m'appelle comme cela). Ses paroles coulent comme l'eau d'une source, claire et limpide. Quel plaisir de l'écouter...