mercredi 29 novembre 2017

APPRENDRE À LIRE ET À ÉCRIRE


UNE CLASSE DE
PREMIÈRE ANNÉE

APPRENDRE  À  LIRE  ET  À  COMPTER 

C’est un beau matin. Il est 8 heures. Mes 84 élèves arrivent en classe. Je sais déjà que certains élèves n’ont pas leur livre de lecture car  il a disparu. Je sais aussi que plusieurs livres sont incomplets car ils ont perdu des pages dans la passation entre membres de la même famille.  Mais la vie continue.

Cette semaine, je vais leur donner des crayons pour leur faire plaisir. Puis après, je  commence l’écriture attachée du e et du x. Encore, il y aura des enfants qui n’auront pas d’ardoise ou pas de craie. Tous les matins, c’est la même chose. Puis je fais  la lecture. Avec la titulaire, on essaie de faire lire tout le monde. Mais ce n’est pas toujours possible. On doit mesurer le temps. Il y a tellement de choses à voir.

Puis le midi arrive. L’électricité vient d’être coupée.  Alors, on sait que l’après-midi va être difficile. Pas de ventilateur…84 enfants…chaleur extérieure 30 degrés…chaleur intérieure ??

Conclusion : ce n’est pas aujourd’hui qu’on va  commencer un nouvel  apprentissage en mathématiques…

dimanche 5 novembre 2017

La bibliothèque à Saga






Je reçois fréquemment des questions sur le projet de la bibliothèque en Afrique. Voici donc un résumé de cette aventure qui connaîtra son dénouement bientôt. C’est en 2016 que j’ai eu l’idée d’implanter une bibliothèque dans une paroisse chrétienne située à Niamey, une ville où j’enseigne trois mois par année. Comme l’archevêché s’apprêtait à construire un bâtiment attenant à l’église, il s’agissait d’une occasion en or pour y installer une bibliothèque. Afin que le local de la bibliothèque puisse être utilisé pour d’autres activités (la catéchèse, entre autres), on a choisi un aménagement où les rayonnages seraient disposés le long des murs. Des rideaux permettraient de cacher les rayonnages pendant les moments où elle serait fermée. Grâce à l’aide de centaines de personnes, nous avons réussi à amasser près de 10 000 livres, des tables et des chaises. Des dons d’ordre financier, notamment un don privé, une subvention de Secours Tiers Monde et l’aide de Santé internationale pour envoyer un conteneur à Niamey. En novembre 2016, le conteneur partait du Port de Montréal pour arriver au Niger deux mois plus tard. Comme j’étais sur place, je prévoyais installer ma bibliothèque pendant mon séjour. Malheureusement, le conteneur est arrivé seulement  sur l’emplacement prévu au mois d’avril. Cela a pris presque trois mois de négociations pour dédouaner le conteneur sans que cela nous coûte une fortune.  Quelle saga ! Alors que nous attendions les livres, la construction du bâtiment a été suspendue en raison d’un manque de financement. Grâce à Secours Tiers Monde, nous avons réussi à contribuer financièrement afin de terminer le bâtiment. Actuellement, le toit est presque terminé. Le bois est acheté, mais la construction n’a pas repris. J’ai donc profité de mon séjour pour ouvrir le conteneur et commencer à trier les boîtes. Il y avait assez de livres pour ouvrir deux bibliothèques ! J’avais envisagé d’en ouvrir une seconde dans une autre paroisse de la capitale, mais le curé en place a été transféré en France. Heureusement, j’ai trouvé tout de suite preneur dans un autre village. Un ami professeur, qui connaissait mon projet de bibliothèque, m’avait déjà contacté pour me demander si je ne pouvais pas lui envoyer quelques caisses de livres pour son village. Des étudiants universitaires essayaient de démarrer un projet de bibliothèque. J’ai donc envoyé, dans la brousse, 3 000 livres.
 Alors que les travaux de construction n’avançaient guère, j’ai réalisé qu’il serait possible de transformer le conteneur en bibliothèque. Pendant mon absence, des amis s’occupent des travaux. L’électricité a été installée. J’ai des fenêtres et une porte.  Surélevé sur des piliers, le conteneur évitera aussi les problèmes de dégâts d’eau. Dans deux semaines, je serai sur place.  À ce moment-là, le conteneur sera prêt à recevoir les modules de rangement. Si tout se passe bien, l’ouverture se fera dès le  1er décembre.Les livres ne seront peut-être pas tous sur les rayons, mais les habitants pourront quand même commencer à emprunter des livres. C’est ça, l’important ! Un jour, quand le bâtiment sera fini, je terminerai l’installation.  Une fois déménagés dans ses locaux permanents, nous pourrons l’utiliser pour les cours de musique et d’arts. C’est mon souhait qu’un jour, j’aurais des petits-enfants qui prendront la relève. Qui sait ? Émile, Joséphine, Philémon, Kelly-Anne, Anthony, Xavier ou Rose, qui est partant ?